TECHNIQUE PALANGROTTE :

La pêche à soutenir des poissons de roche

 

 

Traditionnelle en Méditerranée, la pêche à la palangrotte, pêche à soutenir des poissons de roche ou comme on l’appelle couramment « la pêche de la soupe » est une technique attrayante qui séduit aussi bien les débutants que pour certains  champions de concours. Praticable en bateau ou du bord, elle permet de capturer les diverses espèces qui peuplent les fonds rocheux et coralligènes typiques en Provence et sur la Côte d’Azur. A l’origine, cette pêche se pratiquait à la main à l’aide d’une ligne enroulée autour d’une plaque de liège, la fameuse palangrotte. C’est une technique qui peut paraître simpliste mais qui demande une certaine habitude pour ne pas emmêler sa ligne en permanence. Bien qu’il demeure encore quelques puristes qui préfèrent pratiquer à la main, de nos jours, cette pêche est pratiquée à l’aide d’une canne et d’un moulinet ce qui facilite les choses. C’est une technique qui présente de nombreux avantages: matériel assez restreint (investissement réduit, déplacements faciles…), pêche praticable toute l'année (en sachant que l'hiver est la fréquence des touches est plus faible, mais les poissons de plus belle taille), appâts relativement peu onéreux (contrairement à d'autres pêches...).

 

« A l’ombre d’un pin parasol perdu dans une calanque sauvage,

nous voici en quête de girelles royales au pays des cigales… »

 

 

 

 

Où pêcher ?

 

La pêche à soutenir des poissons de roche est une pêche qui se pratique en bateau ou du bord à partir d'enrochement naturel. Il faut rechercher en priorité des fonds rocheux ou coralligènes mais les bons coins sont nombreux et variés, en particulier en région PACA. Les tombants rocheux à proximité de bancs de posidonies constituent d’excellents postes pour pratiquer du bord. Etant donnée la configuration des fonds, le principal problème de cette pêche réside dans les risques d’accrochages du montage mais il existe quelques astuces pour contrer ces problèmes. En règle générale, les postes profonds et abruptes permettent de pêcher à courte distance ce qui limite les risques d’accrochage. De la même façon, le pêcheur en bateau limitera les ennuis en pêchant à la verticale de son poste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Quels poissons ?

 

Sur ce type de secteurs rocheux, les espèces présentes sont généralement colorées et très variées: principalement des labridés en tous genres (rouquiers, vielles, girelles, girelles royales, girelles paons…), mais aussi rascasses, serrans, gobis et divers petits sparidés (pataclés, sars, veirades…), etc. Cette technique typiquement méditerranéenne consiste à attraper le plus grand nombre de poissons de roche: ici, ce n'est pas la taille des poissons mais la variété et la quantité qui sont recherchées. Le panier du pêcheur à la palangrotte est généralement un formidable arc en ciel de couleurs…

 

 

Nom Commun

Autres appellations

Nom scientifique

Girelle

Girelle royale (mâle)

Coris julis

Girelle Paon 

 

Thalassoma pavo

Rouquier

Crénilabre, Roucaou

Symphodus roissali

Symphodus cinereus

Symphodus doderleini

Symphodus mediterraneus

Crénilabre Nettoyeur

Crénilabre à queue noire

Symphodus melanocercus

Crénilabre Paon

Crénilabre tanche, Serré-blanc, Lucrèce (mâle)

Symphodus tinca

Vieille

Vieille commune, Labre vert, Lasagne, Verdaou

Labrus viridis

Serran

Serran commun, Serran petite chèvre, Serran cabrille, Sarran

Serranus cabrilla

Serran Ecriture

Serran royal, Perche de mer, Barquette

Serranus scriba

Castagnole

Castagnole noire, Petite Castagnole

Chromis chromis

Gobie

 

Gobius sp.

Rouget

Rouget de roche, Surmulet

Mullus surmuletus

Rascasse

 

Scorpaena sp.

Rason

 

Xyrichtys novacula

Sar

Sargue

Diplodus

Pataclet

Sparaillon

Diplodus annularis

Veirade

Sar à tête noire

Diplodus vulgaris

 


Quel matériel ?

 

La pêche à soutenir des poissons de roche est une pêche légère et très tactile pour laquelle le matériel doit être bien adapté ce qui ne veut pas dire qu’il soit onéreux. Pour cette technique où il faut garder la canne en main pour percevoir d’infimes touches très rapides (ou pitées), il vaudra mieux privilégier un matériel léger et sensible. En bateau, on choisira une canne courte et sensible comme les modèles spécial palangrotte conçus à cet effet. Pour pêcher du bord, on préféra une canne plus longue mais tout aussi sensible. Le plus approprié est une canne qui ait un scion très souple pour percevoir la moindre touche mais qui garde une certaine réserve de puissance dans le reste du blank pour assurer un ferrage nerveux et efficace. Pour ces raisons, les spécialistes de cette technique choisissent d’utiliser des cannes à buscle de 10 à 80 grammes de puissance et d’une longueur comprise entre 3m50 et 5m. Il faut évidemment que la canne soit légère car ne l’oublions pas il faut la tenir en main pendant toute la partie de pêche.

 

Le moulinet devra être assez léger tout en ayant un ratio suffisant, c'est-à-dire qu’il devra ramener un maximum de fil en un tour de manivelle afin de pouvoir décoller rapidement le montage pour éviter les accrochages : 70 cm par tour de manivelle est un bon compromis. Il existe des moulinet très adaptés à tous les prix comme le Daiwa Megaforce (- de 50euros), le Shimano Baitrunner Aero 8000GTE (- de 150 euros), le Shimano Stradic FA (- de 200 euros), etc. On le garnira de nylon résistant de diamètre compris entre 20 et 28 centièmes ou de tresse entre 7 et 16 centièmes. Le choix entre la tresse et le nylon reste une question de goût. La tresse présente le formidable avantage de n'avoir aucune élasticité ce qui permet de sentir la moindre tirée même à grande distance mais elle présente aussi des inconvénients comme son coût, son manque d’élasticité qui est souvent a l’origine de poissons décrochés, son inefficacité face à un grand vent ou un fort courant…

 

Quel Montage ?

 

Le montage palangrotte traditionnel est un montage qui a fait ses preuves. Il est économique, simple et rapide à réaliser et permet de réaliser de belles pêches dans des conditions variées. Un plomb palangrotte, dont le poids est à adapter en fonction de la puissance de la canne, de l’état de la mer et de la profondeur de pêche, est fixé en bout de ligne sur laquelle on raccorde deux ou trois empiles grâce à un nœud de potence. Les bas de ligne pourront être facilement remplacés en cours de pêche grâce au raccord boucle dans boucle. Si les fonds sont vraiment encombrés il est alors possible de fixer le plomb sur un fil cassant d’un diamètre inférieur à celui du corps de ligne. Cependant les pêcheurs spécialistes utilisent des montages plus techniques conçus pour être plus pratique à l’emploi et plus discret dans l’eau mais aussi pour augmenter l’attraction sur les poissons.

 

Ces montages sont également de type palangrotte à deux ou trois empiles. Le corps de ligne du montage varie entre 20 et 26 centièmes tandis que les empiles sont réalisées de préférence en fluorocarbone de 12 à 18 centièmes. Elles sont reliées au corps de ligne par un nœud parabolique (pour éloigner l’empile de la ligne et limiter les emmêlages) ou un micro émerillon (pour faciliter les changements de bas de ligne) selon le type de montage utilisé. Pour augmenter l’attractivité, certains placent un morceau de gaine fluo (gaine silicone pour flotteurs, fil scoubidou…) juste au dessus de l’appât sur le bas de ligne. La taille des hameçons est choisie en fonction de l’appât utilisé et de la marque des hameçons, mais en règle générale pour pêcher avec différents vers, le bon compromis se situe entre le n°12 et le n°16. (attention toutefois à ne pas descendre trop bas sous risque de voir sa partie de pêche gâchée car il faudra passer son temps a décrocher les poissons qui auront engamé profondément  l’hameçon ce qui est d’ailleurs la fâcheuse habitude des girelles…). On utilisera de préférence des plombs de couleurs voyantes pour exciter et attirer le poisson : blanc ou couleur fluo alors que pour les pêches difficiles des couleurs sombres seront plus adaptées. Pour le plomb, on choisira un plomb Arlesey qui peut être fixé rapidement grâce à son émerillon ou une olive coulissante qui permet de mettre en pratique le système anti-accrochage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


NB: Sur les photos présentées, du fil fluorescent a été volontairement utilisé pour rendre les montages plus visibles.

 

Quels appâts ?

 

Pour pêcher les divers poissons de roche, de nombreux appâts sont utilisables. Les plus utilisés sont sans doute les vers marins en particulier dures, demi dures, mourons, morceaux de vers américains, saltarelles voir même vers de sables. On peut également utiliser de la chair de moule en prenant soin d’escher le nerf solide, des morceaux de queue de crevette, de la chair de bigorneau… A noter que les pêcheurs en bateau ont l’habitude d’utiliser la chair d’un petit escargot terrestre, le limaçon. L’amorçage est possible si la pêche est pratiquée à courte distance ou en bateau. Il permet de rassembler dans une zone réduite un grand nombre de poissons ce qui permet d’augmenter la cadence des touches. Traditionnellement, on amorce avec des oursins écrasés ou des moules pilées mais les granulés pour les truites de pisciculture sont pratiques et simples à l’emploi et donnent également de bons résultats.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Comment pêcher ?

 

Apres avoir lancé sa ligne à l’eau, il ne faut surtout pas mouliner car le montage traînerait alors sur le fond et s’accrocherait à coup sur. Une fois le montage arrivé au fond, il faut tenir sa canne droite ou de coté selon ses préférences. Si le vent souffle et gène la tenue de la canne et la détection des touches, il faut alors mettre sa canne de coté mais dans le sens du vent et non à contre vent. Pour mieux repérer les petites tirées des poissons de roche, il est nécessaire de tendre légèrement sa ligne pour pouvoir sentir le moindre tressaillement du scion. Généralement, la touche ne se fait pas attendre longtemps. Pour le moment du ferrage c’est un peu au feeling. Il faut réagir rapidement pendant la touche afin de ne pas se faire voler les appâts… Lorsque le ou les poissons sont piqués puisqu’en pêchant à deux ou trois hameçons, il n’est pas rare de faire des doublés ou même des triplés, il faut les ramener en tenant sa canne assez haute pour ne pas les faire traîner sur le fond et en moulinant de façon continue jusqu’au bord. Il ne reste plus qu’à décrocher la ou les prises ; un fin dégorgeoir en plastique est très utile lorsque le poisson engame profondément.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Et la soupe ?

 

Tout aussi appréciable qu’une partie de pêche, un repas en famille ou entre amis autour d’une traditionnelle soupe de poissons de roche est toujours un bon moment…

 

Recette pour environ 6 litres de soupe (24 assiettes)

Ingrédients :
Environ 2 kg de poissons de roche divers

Une dizaine de crabes (favouilles)
2 oignons
4 tomates
4 gousses d'ail
50 ml d'huile d'olive ( prévoir plus suivant taille de vos légumes)
2 feuilles de laurier
4 tiges de persil
écorce de 1/4 d'orange
3 tiges de fenouil
1 cuillerée à soupe de concentré de tomates
2,5 litres d'eau
0.5 gr de safran
50/60 gr de gruyère râpé
4/6 croûtons par personne
Sel, poivre

Procédure :
- Laver les poissons, ne vider que les plus gros (le couper en morceaux si trop gros) Eplucher, laver les oignons et les découper en fines rondelles
- Couper les tomates en quartiers grossiers. Eplucher l'ail et écraser les gousses d'un coup de poing ou avec le plat d'un gros couteau. Faire chauffer l'huile d'olive dans une grosse cocotte et faire blondir les oignons
- Ajouter les poissons, les étrilles, les tomates, l'ail, le persil, le laurier, l'écorce d'orange, le fenouil. Mélanger et cuire tout doucement jusqu'à ce que les poissons soient en charpie
- Pendant ce temps, faire bouillir 2,5 litres d'eau. Les verser quand les poissons sont bien cuits et maintenir la cuisson à feu modéré pendant encore 20 minutes. Saler, poivrer généreusement
- Passer la soupe à la moulinette à légumes
- Remettre la soupe à feu modéré pendant encore 15/20 minutes
- Rectifier l'assaisonnement
- Dans une louche, délayer le safran avec un peu de soupe et reverser en mélangeant bien.

Rouille maison:


Ingrédients
8 gousses d'ail
1 piment sec
0.5 gr de safran
huile d'olives
1 pomme de terre de taille moyenne

3 cuillerées à soupe du bouillon de poissons
Sel, poivre de Cayenne

Procédure
- Peler l'ail et le piler au mortier avec le piment dont on aura enlevé les graines
- cuire la pomme de terre et la laisser tremper, épluchée, voire coupée en quelques morceaux, dans 3 cuillerées à soupe du bouillon de poissons. L'essorer et la rajouter au contenu du mortier
- Bien piler le tout
- Ajouter le safran, le sel et le poivre de Cayenne
- Monter la rouille au fouet métallique ou au mortier avec l'huile d'olive, goutte à goutte exactement comme pour une mayonnaise
-Ajouter 2 à 3 cuillerées à soupe de bouillon de poissons pour détendre la préparation
- Goûter et rectifier l'assaisonnement qui doit être fort.

Note
Certains puristes y rajoutent du corail d’oursins. Cette soupe se sert avec des croûtons grattés à l’ail, recouverts de la fameuse rouille , et saupoudrés de gruyère. Il est possible de congeler la soupe pendant 3 ou 4 mois.


 

By Reno & Cigalon13

 

 

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